Dossier Eau dans Libération

Des flots de lecture dans ce dossier d'archives. Je suis convaincu que l'eau est LE sujet sur lequel les moucheurs devraient se mobiliser.

BRA (5) - Matin brumeux

Première vision en arrivant, vers 8h : la rivière dans le brouillard. J'y voyais à peine à 20 m vers l'amont ou vers l'aval. Un moment magique quelques minutes après : deux taches blanches arrivent vers moi, comme les phares d'une voiture. Ce sont en fait deux grands cygnes, magnifiques, qui stoppent leur descente de la rivière en raison de ma présence. Ils finiront par s'envoler, exactement au même moment et dans un énome bruit d'ailes qui frappent la surface de l'eau : un vrai ballet - La rivière des cygnes peut-être ;-)

A 9h, quand le brouillard se décide enfin à se dissiper, je retrouve avec émotion cette rivière magnifique et la belle couleur de ses fonds : je pêche exactement où nous étions venus nous baigner avec les filles cet été (naturellement, j'étais en repérage, notamment pour les voies d'accès). Et à l'époque il y avait beaucoup de ces algues vert clair assez filandreuses. Les pluies du mois d'août ont donc nettoyé tout ça. Le niveau est remonté d'au moins 20 cm et ça poussait fort - ça risque de compliquer le wading...

Gère (6) - Pas d'activité

Donc dès le lendemain de mon retour de vacances je sors pour un coup dsu matin sur la Gère avec JC, malgré la menace des bouchons des vacanciers sur le chemin du retour. Je ne suis pas revenu ici depuis le mois de juin, et j'espère que comme il y a deux ans l'arrière-saison sera active.

Réveil avant l'aube, arrivée sur les lieux du crime vers 6h30... Des efforts bien mal payés en retour puisque je ne prendrai rien et devrai me contenter de deux refus :-(( Moins de gobages que sur les doigts d'une main. De beaux poissons tentés en NAV sur le plat scolaire, mais comme à leur habitude ceux-ci ne se déplacent jamais d'un millimètre pour prendre.

Seulement deux choses à signaler : le plaisir de retrouver Cédric, invité-surprise, que je n'avais pas vu depuis mon anniversaire de moucheur (je garde en mémoire sa très touchante attention avec ce DVD personnalisé que seul un lecteur attentif pouvait connaître). Et par ailleurs une remontée du secteur de courants du NK sans l'aide de ma canne. Les progrès se confirment :-)

J'en suis sorti certainement frustré, mais le plaisir de fouetter et de rechercher les poissons était au rendez-vous.

Vacances : 3 semaines d'abstinence

J'aurais pu glisser dans le coffre de la voiture le matériel indispensable pour la pêche, mais j'ai renoncé pour plusieurs raisons :

- évidemment et avant tout pour des raisons familiales : c'est toujours compliqué matériellement puisqu'une sortie nécessite de mobiliser la voiture alors que Fabienne en a besoin pour les activités des filles. Outre ces questions pratiques, parce que dans le fond la pêche n'est que "tolérée" dans le temps familial en vacances. Celui-ci est d'abord consacré aux filles et ensuite à ceux qui ont besoin de repos réparateur, ce qui était bien le cas pour Fabienne cette année. Dans ce contexte, la palm passe évidemment au dernier plan. C'était acceptable pour trois semaines, surtout lorsque celles-ci sont en principe les moins intéressantes de l'année. Si en plus ça peut procurer des bons de sortie pour la rentrée, le calcul n'est finalement pas ridicule...

- je sais que si j'envisage une sortie je vais être obnubilé par celle-ci et vivre dans l'attente de ce moment... alors que celui-ci risque toujours d'être décevante. Primo parce que la pêche est par essence aléatoire (particulièrement pour quelqu'un qui ne maîtrise pas trop son sujet!). Ensuite parce que les conditions météo sont elles-mêmes imprévisibles. Enfin parce que c'est encore plus hasardeux sur des rivières que je ne connais pas.

- toujours dans le registre des raisons pratiques, parce que nos hébergements n'étaient pas prévus pour la pêche. Blonvile évidemment. Et puis notre maison d'hôtes en Lozère était loin des rivières (le Causse de Sauveterre, calcaire et perméable, est le seul coin de Lozère qui ne regorge pas de cours d'eau).

- et finalement un peu par bêtise/étourderie : nous avons décidé au dernier moment de ne pas passer la dernière semaine à Megève - alors que j'avais prévu là-bas une sortie réservoir sympa. A l'origine, j'avais donc imaginé que l'abstinence serait limitée à deux semaines.

Evidemment, je n'avais pas vraiment laissé toute la pêche à la maison puisque j'avais emporté quelques bouquins achetés tout spécialement: Itinéraire d'un pêcheur à la mouche, de Robert Traver, et Still life with brook trout, de John Guierach. J'avais volontairement laissé les bouquins portant sur la technique, histoire de prendre un peu de distance avec la pratique de la pêche.

Résultat : vraiment dur au début, les bouquins m'ont été indispensables. Et puis c'est devenu moins douloureux - même si je me suis mis à relire le Guierach et que j'aurais bien aimé qu'un magazine paraisse (mais je les avais déjà!). Bien sûr dès que j'approchais de l'eau j'essayais d'y trouver des truites. J'étais heureux d'en voir à La Canourgue, et pas que dans la réserve. J'ai également fait monter une truite sur une sauterelle dans le Tarn et dans un torrent dans l'Aubrac. J'ai aussi appelé JC pour prendre des nouvelles de la pêche au pays lorsque j'étais en Normandie, puis de nouveau en Lozère pour organiser une sortie pour mon retour.

Car, rentré le vendredi après-midi, j'étais dès le samedi à 7h au bord de la Gère. Abstinence n'est pas désintoxication !